L’Ecoute, la présence, l’ échange, constituent des remèdes essentiels auprès des personnes âgées, handicapées ou gravement malades, qui souffrent très souvent de leur solitude, voire de l’indifférence des autres . Ces remèdes sont au moins aussi importants que les soins médicaux quotidiens, on le sait aujourd’ hui. Certaines personnes arrivent ainsi à sortir du domaine difficile de la souffrance grâce à des aides de ce type, prodiguées, souvent par la famille, par des bénévoles ou par des aides à domicile : l’ espoir revient, l’ intérêt peut renaître , la dynamique intellectuelle se réveiller et parfois même l’ activité musculaire reprend ses droits .
Pourtant, cette approche capitale de la dignité d’une personne, amoindrie par la maladie le handicap ou l’ âge, n’ est trop souvent prise en compte que d’ une manière très relative par l’ entourage , qu’ il soit hospitalier , familial ou de service à domicile .
Aucune disposition légale n’est prise en ce sens . La loi de janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico sociale et celle de février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées », incitent à réfléchir plus avant à cette importante question que pose la société française du XX I ème siècle dont la longévité accrue est une conséquence très positive des avancées médicales, mais non exempte de difficultés
Comment intervenir pour susciter une sensation de mieux vivre ?
les occasions et les moyens sont multiples, mais ils doivent être adaptés à chaque cas, être personnalisés . C’ est là que réside la grande difficulté , car à côté de l’ aide psychologique, ils se situent beaucoup dans le domaine du loisir, de la pratique artistique et de la création sous toutes ses formes : dessin, musique, lecture, promenade, films, photographie…or, ces secteurs d’ activités ont de tout temps à jamais été considérés comme appartenant au seul libre arbitre de l’ individu et comme ne présentant aucun caractère obligatoire dans le déroulement de l’ activité humaine ; bien au contraire, ils restent encore très souvent considérés comme des produits de luxe, non monnayables car non répertoriés comme des « articles » d’ utilité immédiate. D’une certaine manière, « l ‘ impasse » pédagogique ou thérapeutique a toujours été faite dans les sociétés occidentales sur ces biens aux effets non mesurables dépendants de l’ individu lui-même et les efforts sociaux d’ accompagnement restent très timides .
Or, il est reconnu , notamment par les unités de « soins palliatifs » des hôpitaux, qu’ une sensation de bien être peut exister, même quand tout semble irrémédiablement perdu… .
Même au terme de sa vie, la personne très âgée, très handicapée ou très malade , a des possibilités créatives lui permettant , un instant, d’ oublier , de relativiser sa souffrance . "A partir d’ un objet construit, le malade reconstruit sa vie "…
En résumé, dès aujourd’ hui, il convient d’assurer le confort maximum de la personne qui souffre et de multiplier toutes les idées permettant de prévenir une détresse présente ou à venir, de mieux l’aider et de l’ accompagner . Les conséquences de la mise en application de la loi de 2002 et de la loi de février 2005 , devraient naturellement susciter un traitement systématique des comportements d’accompagnement individualisés .
Odette Trupin