En ouvrant ce blog, je suis très consciente du privilège que me confère cet outil exceptionnel de communication dont nos grands maîtres de la littérature auraient pu faire un si bel usage !
Désormais,je pourrai communiquer, échanger, alerter, informer, débattre, et les thèmes de préoccupations ne m'ont pas manqué ..tout au long de ma vie professionnelle de professeur de français, d'inspectrice pédagogique régionale, d'Inspectrice d'Académie puis de Députée à l'Assemblée Nationale..
je sollicite l' indulgence car cette pratique, nouvelle pour moi , risque de me désarçonner parfois..
Odette Trupin
" La modernité est une sorte d'autodestruction créatrice..l'art moderne n'est pas seulement le fils de l'âge critique, mais le critique de lui-même ." O.Paz
Il est désormais difficile d'évoquer BILBAO sans penser immédiatement au Musée GUGGENHEIM, qui a jeté l'ancre sur la rive gauche du fleuve Nervion. Edifié dans la courbe du fleuve, le musée a joué avec toutes les contraintes du terrain, intégrées dans la composition architecturale.
Le bâtiment seul est une oeuvre d'art en lui-même.
Le choix de la culture comme vecteur de développement économique et l'éclatant succès remporté par le musée depuis son ouverture , en 1997, ont confirmé toutes les prévisions et démontré l'importance des atouts culturels . Ils concourent à l'épanouissement de la créativité , de l'expression artistique, au renforcement de l'identité culturelle. et ont une incidence certaine sur les décisions d'implantation de projets industriels, tout en encourageant le tourisme culturel et d'affaires, ce qui dynamise les activités de services et contribue au rayonnement de la ville et de la région.
De l'Expressionnisme abstrait de Mark Rothko à l'immense serpent de Richard Serra, à l'héroïsme d'Anselm Kiefer,la vocation de Guggenheim est de faire connaître l'esprit, la variété et l'exubérance de l'art moderne et contemporain dont le bâtiment et les collections rompent avec la conception traditionnelle d'un musée.
La volonté de produire toujours du nouveau a engendré une phase de déclin de la créativité artistique. Elle coïncide sensiblement avec l'effondrement des valeurs et la naissance des sociétés démocratiques modernes où tout ce qui constitue l 'existence humaine est pensé en rupture avec la tradition, à partir de l'idée de subjectivité, en termes de conscience et de volonté. Cette rupture s'accomplit pourtant au nom de valeurs (liberté, égalité), mais ces valeurs sont celles qui promeuvent l'existence individuelle. C'est au nom de l'égalité que les individus se révoltent contre la hiérarchie, et c'est par référence à la liberté, entendue comme autonomie, qu'ils dénoncent et contestent les traditions. L'effondrement des valeurs signifie donc la fin d'un mode de justification des conduites humaines, la disparition de l'autorité de la tradition et de la référence au passé, au profit de la préoccupation pour l'avenir et du culte du nouveau. Rébellion contre les valeurs et les normes de la société bourgeoise, le modernisme met en place une culture individualiste fondée sur l'exaltation du moi, sur l'authenticité et le plaisir, toutes choses qui s'opposent aux moeurs rigoristes du passé. C'est cette morale "ascétique" qui subit les assauts des créateurs au XXème siècle. Relayée par la consommation de masse, et notamment par le crédit, qui permet de satisfaire immédiatement ses désirs, cette critique va mettre en place la "culture moderne" dont le noyau dur est constiyué par l'hédonisme et l'accomplissement de soi, l' individu, reconnu libre, aspire à s'émanciper de l'emprise du passé et de toute soumission à des normes coercitives. Il n'est donc pas surprenant, qu'après s'être révolté contre le rationalisme étriqué de la morale bourgeoise, l'individualisme démocratique en soit venu à contester l'idée même de normativité, considérée comme insupportablement répressive, notamment dans les années 1968 !!
On peut voir, dans "le Printemps" de Botticelli, l'illustration symbolique d'un renouveau de l'humanité , qui se réconcilie avec elle-même et avec un monde environnant devenu aimable. L'artiste de la Renaissance révèle à l'homme la Vérité de son existence en lui manifestant la beauté. Puisse l'homme du XXIème siècle retrouver les voies de cette sagesse , pour donner un soutien idéologique à des Etats nationaux plus forts et repenser leur organisation ou rêver une cité idéale . La part que la Renaissance accorde au sentiment esthétique est d'autant plus considérable que l'homme occidental n'a pas encore trouvé dans la domination technicienne de la nature, la preuve indiscutable et glorieuse de sa nouvelle puissance . On ne sait que trop le prix de cette domination aujourd'hui !
La caractéristique la plus importante de l'art moderne, c'est qu'il enclenche un processus de "légitimation de tous les sujets". A partir de l'impressionnisme, l'art tend à se détacher des codes imposés par la tradition. Il n'y a plus de sujet digne d'intérêt pour un peintre. On refuse les poses et l'agencement de l'espace pour se tourner vers les paysages de banlieue, les cafés, les gares. Plus tard, avec le "ready made", les objets les plus incongrus (urinoir de Duchamp )entrent dans le musée. Les Nouveaux réalistes et les Hyperréalistes prennent pour sujet tous les signes et les déchets de la consommation de masse. En assimilant démocratiquement tous les aspects de la vie, le modernisme ruine la sacralité de l'art au nom d'une culture de l'égalité. Dans un monde qui n'est plus régi par la traditiion, les normes deviennent de plus en plus immanentes à la volonté des individus et de ce fait, la culture perd son unité organique.
C'est bien là l'une des causes du profond malaise de nos sociétés . Mais par quel prodigieux coup de baguette y rémédier ?
L'Art- thérapie ou l'Art en thérapie est en pleine expansion depuis une décennie..Des ateliers, dans diverses institutions publiques et privées, se multiplient. Parallèlement la demande des patients,pour ces formes de psychothérapies, avec médiations, augmente considérablement. Ces pratiques d'art thérapie sont fondées sur une psychothérapie avec médiation artistique qui privilégie la mise en place d'un processus créatif et d'un objet en cours de d'élaboration.
On s'interroge souvent sur ces démarches d'ordre pédagogique et psychologique ,. Résultent-elles d'effets de mode ou peuvent-elles être considérées comme de véritables systèmes curatifs?
Personnellement, je suis convaincue de ces "moteurs" puissants de l'imagination humaine, car toute pensée commence dès l'enfance par des sensations . Dans l'approche des textes littéraires auprès de mes élèves , j'ai toujours privilégié ce que j'appelais "la raison sensitive" ? puis , par la combinaison des idées, je les amenais à la raison intellectuelle qui est la véritable raison humaine.: exercer les sens, c'est apprendre à bien juger par soi-même . Ainsi l'écriture autorise-t-elle l'expression d'un certain nombre d'idées ou de sentiments ..la production écrite offre à la fois la possibilité de se mesurer à soi-même et aux autres , et d'exprimer ses sensations intimes. Quant à la musique, il suffit de rappeler la force d'apaisement que confère sa pratique ..Elle frappe directement le corps. Elle entraîne l'auditeur au -delà du présent immédiat. Plus que toute autre forme d'expression, elle plonge ses racines dans l'être profond ; elle est à la portée de tous les inconscients.
Il s'agit donc bien d'éveiller ou de réveiller sans cesse l'intelligence et la sensibilité de l'être..Revenons sans cesse à la pédogogie , à celle de l'imaginaire qui, par aller et retour, comme le flux et le reflux, finit par transformer le paysage. Elle permet de retrouver, après chaque marée, un sable neuf où chacun éprouve le plaisir de laisser des traces pour la première fois.: "ainsi, l'imaginaire représente à chaque instant ,le sens implicite du réel" Jean-Paul Sartre