L'ennemi de l'ouverture de l'école, plus encore aujourd'hui qu' hier, c' est l' explication à outrance, la leçon permanente dans laquelle la voix du maître est l'outil majeur de la vie enseignante. L'explication,devançant expérimentation et observation, est devenue la fonction majeure de l'enseignant.
"Cette patience d'atelier, dit Alain, on ne la trouve point dans nos classes, peut-être parce que le maître s'admire lui-même en parlant; peut-être parce que toute sa carrière dépend de ce talent qu'il montre à parler longtemps tout seul; vraisemblablement aussi de ce que l'enseignement a pour fin de distinguer quelques sujets d'élite, qui arrivent d'eux-mêmes à singer et à inventer"
Il ne peut pas être dit qu'une leçon bien faite, avec toutes les règles de l'Art, soit forcément inopérante.Il y a, dans tout effectif scolaire,une proportion d'élèves particulièrement doués, avec lesquels l'école traditionnelle a des réussites : intelligents, aimant le travail, nantis d'une bonne mémoire,ils tiennent sans peine la tête de la classe même avec une pédagogie rétrograde. Mais 90% des enfants qui n'ont pas cette tendance intellectuelle, sont réfractaires à l'enseignement prodigué "du haut de la chaire"; ils subissent l'enseignement livresque avec effort, perte de temps et d'énergie.
C'est pour ces 90 % d'écoliers qu'il convient de chercher des solutions susceptibles de faire éclore en eux des aptitudes qui préfigurent et honorent l'individu qu'ils seront demain.