La place de la langue française, prééminente au XIXe siècle dans le monde, est en net recul . Le constat est sans appel : L'anglais s'est imposé partout et il donne souvent l'impression d?être considéré comme une langue de « droit divin ».
Les enjeux liés à la survie de la langue française :
- l'enjeu culturel :
c'est le premier. La culture est en effet intimement liée à la langue. Cette dernière n'est pas seulement le véhicule de la pensée, ; elle plonge ses racines dans l'histoire des peuples, voire dans leur inconscient. Elle exprime des traditions collectives, des modes de vie, des façons de concevoir le monde et ses rapports sociaux. Elle traduit enfin, à travers le droit et les règles institutionnelles ou personnelles qui en découlent, les modalités selon lesquelles ces rapports se sont organisés dans le cadre d'une structure sociale. Certes, la culture ne se réduit pas à la langue mais elle n'en reste pas moins le fil conducteur permanent, et, en quelque sorte l'axe de référence.
- l'enjeu scientifique :
le maintien de la langue française constitue aussi un enjeu scientifique , contrairement aux idées reçues. La pensée scientifique, sous toutes ses formes, comme la culture, est fille de l'esprit créateur de l'homme. Traiter de questions scientifiques dans une langue étrangère conduit dans une certaine mesure à adopter les attitudes de pensée et les démarches intellectuelles de la société dont elle est l'expression. La science n'échappe pas à ce transfert d'influence qui, de plus , s'accompagne de nos jours d'un transfert de technologie, sinon immédiat, du moins indirect. Aujourd'hui, la terminologie scientifique est de plus en plus souvent en anglais. D'ailleurs, les mots désignent des éléments ou des concepts qui trouvent difficilement des traductions en Français.. ainsi, les enseignants en université française, adaptent le plus naturellement du monde leurs cours à la langue anglaise. On ne saurait douter, à cet égard, des bénéfices que tirent les centres de recherche américains, les organismes et les entreprises de l'emploi prépondérant de leur langue !! c'est pourquoi cet enjeu est déterminant : il l'est d'autant plus qu'il concerne aussi les sciences juridiques, économiques, politiques et humaines où la France a longtemps occupé une place éminente.
- l'enjeu économique :
Il s'agit ici du rôle de la langue dans la vie économique : le commerce, la gestion, les professions de service.
Aujourd'hui, partout dans le monde, le code commercial est l'anglais. Il a acquis une sorte d'exclusivité. L'exigence culturelle peut difficilement y faire contrepoids !!
Pourtant, le déclin du français dans les pays étrangers prive les entreprises françaises, en dépit de leurs efforts et de leur compétitivité, d'un attrait et de débouchés qui leur seraient spontanément acquis. Ce handicap est aggravé par l'usage que les hommes d'affaire voire les diplomates ont tendance à faire de la langue anglaise qu'ils s'approprient comme tout le monde, dans un souci d'efficacité et de rapidité.
- l'enjeu politique :
cet enjeu lié au maintien de l'usage du français est capital .La langue est partie intégrante du patrimoine national d'un pays, au même titre que son territoire,ses paysages ou son histoire. La défendre, c'est défendre l'indépendance nationale. Aujourd'hui encore, tous les observateurs s'accordent à reconnaître l'importance de l'usage du français, présent très au-delà des frontières de l'hexagone : au Maghreb, dans de nombreux pays d'Afrique, aux Antilles, à La Réunion, à l'île Maurice,au Québec, au Canada aux Comores, à Haïti, souvent au Proche orient.. en Suisse, en Wallonie en Louisiane,au Val d'Aoste..
quelle est l'attente de ces pays ? :
Un enrichissement, qui n'exclut pas leur langue nationale
Un accès à l'universalité
Une symbiose culturelle qui témoigne du rayonnement persistant de la pensée française et de la signification qu'on lui attribue sur le plan des valeurs humaines, notamment en matière de droits de l'homme?.
L'énoncé de tous ces enjeux renvoie aujourd'hui à des questions fortes :
« la défense de la langue française reflète-t-elle une nécessité ou représente-t-elle un archaïsme » ?
Est-il encore temps pour tenter un sauvetage ?
Comment procéder sans délai ?
Sachons nous interroger, sans fatalisme, et répondre à cette imposante question sans parti pris et en toute objectivité..
Odette Trupin